Esta semana Luisa presentará la edición francesa de “La máscara sarda”, traducida por Brigitte Torres y publicada por Éditions Orizons.
Esta es la tercera obra de Luisa traducida al francés, después de “Clara” y “Passe d’armes”.
Deux mots sur LE MASQUE SARDE, LE PROFOND SECRET DE PERÓN
Traduit para Brigitte Torres-Pizzetta
Passionnée comme je le suis par tout ce qui touche aux masques, je suis partie pour la Sardaigne en février 2012 afin de découvrir les étranges et nombreux carnavals de l’intérieur de l’île. À l’auberge Sa Rosada, à Mamoiada, Giannino Puggioni président de l’Association de masques Pro Loco avait à peine commencé à parler des Mamuthones, ces êtres de l’infra-monde qui reviennent périodiquement réveiller la terre, qu’il s’est rendu compte que j’étais argentine. Un grand sourire a alors illuminé son visage et il m’a lancé de but en blanc:
̶ Savez-vous que Juan Domingo Perón était Sarde et qu’il est né ici-même, à Mamoiada ? Il s’appelait Giovanni Piras…
Non, je ne le savais pas ; ni moi, ni qui que ce soit en Argentine! Ça n’a fait que confirmer ses soupçons. Les services secrets argentins, m’a-t-il dit, se sont appliqués à brouiller toutes les pistes, mais ici nous le savons depuis le début des années cinquante. Pourquoi croyez-vous que cette auberge s’appelle Sa Rosada, La Rosada, comme votre Casa del Gobierno?
La preuve: une copie du vieux journal L’Unione Sarda de 1951 où est révélée l’incroyable « découverte ». Dans son article, Nino Tola, avocat et journaliste, raconte en détail comment Giovanni Piras, émigrant de Mamoiada, arrivé en Argentine à dix-sept ans, a tout-à-coup cessé de correspondre avec sa famille et ses amis parce qu’il était devenu « un personnage éminemment important », qui pourrait bien être le président argentin.
Et c’est ainsi, de la façon la plus inespérée, que le germe de ce roman m’est tombé dans les mains et l’histoire de Piras-Perón s’est imposée.
Si j’avais agi en tant que journaliste, je me serais mise à chercher des renseignements, des preuves, et j’aurais programmé des interviews pour les confirmer et surtout pour les réfuter. Mais je suis un écrivain, et dans la fiction, plus l’histoire est caustique et sinistre, plus elle m’interpelle. Même malgré moi.
Après tout, pourquoi pas? Un peuple aussi marqué par le masque n’avait aucune raison de douter que l’un d’entre eux, du jour au lendemain, se soit glissé dans la peau d’un personnage totalement différent, en terre étrangère, et se soit hissé jusqu’au plus haut sommet.
La phrase que le Général a dit à son biographe officiel, Enrique Pavón Pereyra, semble être l’œuvre de l’un des nombreux écrivains sardes qui ont abordé le sujet : «Comme si j’avais joué mon destin en un pari magique, je suis parvenu à garder le profond secret de ma naissance.»
Rien de plus vrai : selon l’histoire officielle , Juan Domingo Perón est né en 1885 à Lobos, ville de la province de Buenos Aires, mais il serait plus vraisemblablement né deux ans plus tôt dans le village voisin de Roque Pérez.
Ce récit est un nouvel apport a la légende du Général Perón, qui aurait pu être natif de le rude village de Mamoiada, en Sardaigne, avec sa riche mythologie et ses mystères.
Luisa Valenzuela